Les vergers d’oliviers sont assis sur de petites terrasses soutenues par des murs de pierres sèches, blancs comme de l’os. Ce sont de petits oliviers gris, guère plus hauts qu’un homme, deux mètres cinquante au plus, plantés depuis mille ans. La terre qui les porte est très colorée, parfois d’un pourpre presque pur, communément d’une ocre légère, quelquefois sous l’ardent soleil blanche comme de la neige.. Dans l’arrière-saison, le soleil s’y attarde ; le feuillage de l’olivier ne fait pas d’ombre, à peine comme une mousseline ; on a tout le bon de la journée…
Jean Giono, Le déserteur et autres récits.
Ce petit extrait de l’œuvre du génial Giono me fait penser avec nostalgie au petit village en bordure de l’Ardèche d’où proviennent les oliviers que je travaille. Hélas, l’olivier s’y fait plus rare, désormais, depuis que les autorités locales encouragent les agriculteurs à arracher cet arbre au profit de l’amandier.
Mes arbres à moi, je les ai prélevés dans la garrigue, sur des terrains qui ne sont plus cultivés depuis des lustres. Ils y ont poussé en liberté pendant des décennies, avant qu’un coup de gel ne vienne les pétrifier, il y a peut-être cinquante ans de cela, si j’en crois mon ami Claude, le cultivateur qui me les a dénichés. Bien sûr, nous avons évité de toucher à ceux qui montraient encore des rejets sur une branche ou l’autre. C’est que l’olivier ne meurt jamais vraiment, il repart toujours! Aussi, à mon prochain passage, j’espère découvrir sur une souche ou l’autre laissée en terre l’embryon d’un nouvel olivier…